site ouvert le 5 avril 1999
dernière mise à jour : 18 décembre 2012
auteur : Claude GOT

amnistie présidentielle et sécurité routière

Ce dossier est un exemple parfait du lien étroit, mais parfois fragile et évolutif, qui unit la connaissance scientifique et la décision politique. Les mois qui ont précédé l'élection présidentielle de 1988 ont connu une détérioration importante de la sécurité routière en France. Cette tendance s'est inversée après l'élection, au début de l'été.

Plusieurs hypothèses pouvaient être envisagées :
  • une variation aléatoire de nature purement statistique, sa probabilité était très faible,
  • une variation provoquée par un facteur autre que l'amnistie et qui n'aurait pas été bien identifié ou pris en compte à sa juste valeur (reprise de l'activité économique notamment),
  • l'anticipation de l'effacement annoncé des fautes de conduite qui n'avaient pas encore été effectivement sanctionnées par l'amnistie accompagnant l'élection du suffrage universel du Président de la République.

J'ai été le premier a envisager l'hypothèse d'un moindre respect du code de la route au cours des premiers mois de 1988 par des usagers assurés du pardon. Lors de l'élection de 1995, le groupe de cinq médecins qui posait des questions de sécurité sanitaire aux candidats à l'élection leur avait demandé s'ils renonceraient à l'amnistie des fautes de conduite en cas d'élection. Notre question a provoqué des réponses intéressantes des candidats, mais également des oppositions violentes, irrationnelles, sans véritable analyse statistique des données. L'élection de 1995 a de nouveau été précédée d'une dégradation des résultats Ce n'est qu'au cours de l'hiver 2001/2002 que le problème a été approfondi, avec notamment une analyse effectuée par deux enseignants de Paris-Dauphine, Régis Bourbonnais et Thierry Granger.

Depuis, deux nouvelles élections ont permis à nouveau de constater cette dégradation pendant plusieurs mois. Il convient de rappeler que l'engagement de Jacques Chirac de ne pas amnistier les fautes de conduite s'il était élu en 2002 n'a été annoncé qu'au début du mois d'avril et que Ségolène Royal, après des propos ambigus, n'a indiqué qu'au début de février 2007 son intention de ne pas amnistier les fautes de conduite.

Les liens suivants donnent accès à des documents produits à des périodes différentes, mettant en évidence l'évolution du problème au fur et à mesure de l'accroissement des données disponibles.