commentaires de l'ONISR en 1995

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L'observatoire national interministériel de sécurité routière publie un document annuel contenant toutes les données statistiques concernant la sécurité routière. Il est intéressant de remarquer les commentaires qui ont accompagné la reprise de la mortalité dans la période de l'élection présidentielle en 1988 et 1995. Le document de 1988 constate les dégâts sans faire de référence à l'amnistie, ce qui n'est plus le cas en 1995.

1988 : "L'année 1988 est véritablement l'année des contrastes avec :

- une première période, de janvier à juillet, très défavorable, où l'augmentation du nombre des tués est de +15,9% par rapport aux sept premiers mois de 1987,

- une deuxième période, d'août à décembre, où la tendance défavorable est totalement inversée : - 4,6% de tués sur les cinq derniers mois de 1988, par rapport à la même période de 1987".

1995 : "L'année 1995 peut être divisée en deux périodes :

- la première période s'étend de janvier à la fin du mois de juillet et présente une dérive similaire à celle survenue en 1988 dans des circonstances analogues d'amnistie, avec cependant moins d'ampleur. En dépit d'une stabilité en février et de bons résultats en mai, le nombre de tués croît de 3,3% sur ces sept mois. Surtout sensible en rase campagne jusqu'en mai, cette dégradation gagne le milieu urbain, se prolongeant au delà de la date où le bénéfice de la loi n'est plus acquis. Ce phénomène a débuté en novembre 1994 où les premiers effets d'anticipation ont pu être perçus.

- plusieurs faits marquants vont infléchir la tendance : la promulgation de la loi d'amnistie le 3 août, l'annonce de l'abaissement du taux d'alcool toléré dans le sang de 0,7 à 0,5 g/l, son application le 15 septembre relayée par deux campagnes de communication. A cours de cette période, la diminution du nombre de tués atteint 7,2%"

Un des points intéressants dans le commentaire de 1995 concerne la prolongation à juillet de la période d'accroissement du risque. Il est évident que l'ensemble de la population d'usagers qui "parie sur l'amnistie" n'a pas une connaissance totale de ses conditions d'application, et que la promulgation tardive le 3 août de la loi peut contribuer à ce prolongement de la prise de risques, par ignorance de ses effets précis. Ce n'est pas la seule explication que l'on peut envisager, il s'agit de comportements humains et ces derniers ne sont pas purement rationnels. Des habitudes maintenues pendant un semestre peuvent ne pas être abandonnées du jour au lendemain et il faut remarquer que le phénomène avait déjà été observé en juillet 1988.