Publicité pour la Renault LAGUNA légendée :"le sentiment de sécurité enfin pris en photo". La photo très sombre représente un paysage de gorge montagnarde parcouru par une petite route sinueuse bordée de pneumatiques, comme on en place sur un circuit automobile pour assurer la sécurité en cas de perte de contrôle. Une Laguna emprunte cette route. Une telle publicité n'est en rien une promotion directe ou indirecte de la vitesse, elle m'a intéressé pour commenter les notions de risque perçu (ou risque ressenti, ou risque subjectif) et de risque réel (ou risque objectif).
Le débat sur les emplacements retenus pour placer les nouveaux radars automatisés a bien mis en évidence la difficulté de faire comprendre où se situe le risque routier. Les placer sur les autoroutes a été présenté comme une erreur, la mortalité au kilomètre parcouru étant faible sur ces voies. La situation est beaucoup plus complexe qu'il n'y parait car, au kilomètre de voie, ce sont les routes qui hébergent un trafic élevé et où le risque ressenti est faible sur lesquelles se produisent le plus grand nombre d'accidents et qui sont donc les plus dangereuses dans une vision "populationnelle" du risque routier. Les routes secondaires sont le siège d'un nombre plus élevé d'accidents au kilomètre parcouru, mais il n'y a pas de documentation d'un surrisque plus important sur une route de montagne par rapport aux routes secondaires droites, notamment lorsqu'elles sont bordées d'arbres. Une route de montagne sinueuse comme celle représenté sur la photo peut faire ressentir au conducteur un risque élevé d'accident et surtout d'accident grave, une perte de contrôle se terminant éventuellement dans le ravin, et induire une conduite particulièrement prudente et attentive, à vitesse lente. L'observatoire national interministériel de sécurité routière publie un indice d'accidentologie locale pour les différents types de réseaux. Pour le réseau secondaire, le classement des départements sur cet indice est sans ambiguïté, des départements montagnards comme le Cantal, l'Ardèche, la Creuse, la Corrèze sont au dessous de 0,75 alors que l'Eure et Loir, l'Yonne, le Loiret, l'Eure sont au dessus de 1,33 (1 représentant le risque moyen sur les routes départementales). La légende "Aujourd'hui vous pouvez vous sentir plus en sécurité sur les routes dangereuses" renforce donc la notion de risque ressenti sur un type de voie où la perception du risque est déjà élevée. Il serait moins spectaculaire de montrer une route toute droite et de dire "attention vous êtes sur une route dangereuse car vous n'imaginez pas qu'elle peut l'être". Le commentaire serait moins valorisant pour le "contrôle dynamique ESP", car pour être objectif il faudrait ajouter que la vitesse de circulation sera toujours le facteur dominant dans la détermination du risque réel sur un type de voie donné. Ces remarques étant faites, je suis persuadé que le contrôle électronique de la trajectoire est un progrès important dans le domaine de la sécurité routière.