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Dominique Perben fait des annonces qui définissent le sabotage préélectoral de la politique de sécurité routière conduite avec le succès que l’on sait depuis 2002. Réduire la qualité de la prévention par la crainte de la répression en facilitant la récupération d’un permis annulé attaque le fondement de la réforme des comportements qui a été obtenue. La dissuasion de commettre des infractions a associé trois éléments complémentaires, la limitation à 5% des seuils de tolérance sur les excès de vitesse, l’automatisation des contrôles assurant l’accroissement de leur nombre et l’équité des sanctions, le mécanisme du permis à points qui sanctionne l’accumulation des fautes par la seule mesure véritablement dissuasive dans notre société de mobilité : la perte pendant une temps donné de la possibilité de conduire. Si ce temps est réduit, l’efficacité de la mesure est réduite.
Tous les arguments évoqués pour défendre la réduction du temps de suppression du permis sont inexacts ou témoignent d’une logique rigoureuse mais perverse.
Il y a quelques jours le Président de la République, qui a initié le succès de la politique de sécurité routière, a affirmé « qu’une majorité qui ne poursuit pas son action jusqu’à son terme est sanctionnée » et qu’ « arrêter d’agir se paie très cher dans les urnes ». Les annonces faites à l’issue du Comité interministériel du 6 juillet vont nous montrer s’il peut maintenir le cap et s’opposer à la dérive clientéliste du ministre de l’équipement alors que tous les sondages représentatifs concernant la politique de sécurité routière menée depuis 2002 affirment l’adhésion de la majorité de la population à cette démarche. Elle a manifestement été produite par l’ampleur indiscutable des résultats. Les cinq années du gouvernement de Lionel Jospin avaient été marquées par une stagnation de la mortalité accidentelle routière, il y avait eu 8008 tués au cours des 12 mois précédant l’alternance de mai 1997, 7828 avant celle de mai 2002 soit une réduction à peine supérieure à 2%. Nous venons de passer au dessous des 5000 tués et cela représente une réduction de plus de 36% de la mortalité. Ce succès est exceptionnel et il est encore possible de l’accentuer si la capacité de dissuasion du permis à points est conservée.
Quels peuvent être les alliés de la lutte contre l’insécurité routière dans ce combat. D’abord les associations, il ne faut pas oublier le rôle déterminant de la Ligue contre la violence routière lors des grandes manifestations des routiers contre l’application du permis à points, ce dispositif leur doit beaucoup. Le ministre de l’Intérieur peut continuer à jouer le rôle qui a été le sien de 2002 à 2004 et depuis son retour place Beauvau en 2005. Il ne faut pas oublier que le succès construit par les décisions du gouvernement Raffarin avait été obtenu par la bonne coopération des ministres en charge du dossier et de leurs cabinets, en collaboration avec Matignon. La situation a totalement changé depuis l’arrivée de Dominique de Villepin. La position du Premier Ministre n’a jamais eu la netteté de la position de Jean-Pierre Raffarin sur ce dossier prioritaire du Président et la détermination de Gilles de Robien a été remplacée par des tentatives réitérées de destruction par Dominique Perben de la politique conduite par son prédécesseur. Son annonce d’une pause dans le développement des radars automatiques dès son arrivée au ministère a été immédiatement contrée par l’annonce de Nicolas Sarkozy de l’addition de 500 nouveaux radars. De la même façon l’annonce prématurée de l’acceptation formelle de la remontée des motocyclistes entre les files de véhicules, qui était une mesure dangereuse pour les motards dont la mortalité est catastrophique en France, a été bloquée par le ministre de l’intérieur. Il peut continuer à jouer son rôle d’acteur majeur de la lutte contre l’insécurité évitable ou se laisser lui aussi gagner par la crainte d’impopularité agitée par la fraction la plus irresponsable et la plus braillarde de sa majorité. La possibilité d’action du Président de la République est également très incertaine, peut-il laisser le champ libre aux conflits interministériels ou indiquer au ministre de l’équipement que ses ambitions de candidat à la mairie de Lyon ne justifient pas de tenter d’exister et de se faire bien voir d’une fraction de son électorat en mettant en danger un succès politique majeur des quatre dernières années. Peut-être le seul succès indiscutable du volontarisme politique observé pendant cette période.