Pi1rumeurs.html
De nombreuses affirmations concernant la sécurité routière, l’usage des
radars ou la gestion par les particuliers de leurs points de permis
contenues dans le livre d’Airy Routier appartiennent au vaste domaine de la
rumeur. Ces affirmations sont souvent associées à d’autres informations
précises, cette mixité visant à leur donner une valeur équivalente. Il ne
faut pas placer cette pratique sur le même plan que l’usage d’un fait dont
la fausseté peut être prouvée, mais il est cependant utile de la citer pour
mieux caractériser la nature d’un livre tel que celui d’Airy Routier, La
France sans permis.
Exemple 1
«Maître Eric de Caumont raconte volontiers l’histoire de cette avocate
toulousaine qui est tombée du ciel en recevant par la poste l’avis de
l’annulation de son permis par retrait de tout ses points. Elle n’avait pas
été prévenue, et pour cause : tous ses points lui avaient été retirés un à
un, en moins de deux semaines ! Un radar automatique avait été installé à
côté de chez elle, qu’elle avait franchi tous les jours, par fois plusieurs
fois, en dépassant la vitesse limite de 1 à 6 km/h. Sa voiture étant
photographiée par l’arrière elle n’avait pas vu l’éclair du flash ».(FSP
p.125)
L’histoire est jolie, mais totalement invraisemblable, les radars
automatiques sont signalés par un panneau spécifique très visible, il est
curieux que cette avocate ne l’ait pas vu, d’autant que la signalisation est
mise en place bien avant la mise en service et que des essais des nouveaux
radars sont effectués, la presse locale se fait également largement l’écho
de ces mises en service. Contrairement à ce qui est écrit l’éclair d’un
flash prenant l’arrière du véhicule est perçu par un conducteur de voiture.
Le plus incohérent est la chronologie des événements, les envois des
contraventions par le centre de Rennes se font rapidement. Si une procédure
d’annulation de permis intervient, cela se fait bien après l’envoi des avis
de contraventions et si le permis a été annulé, c’est que le fichier des
cartes grises permettait de relier la propriétaire de la voiture au fichier
de permis, il est donc impossible d’envisager la suppression de permis sans
que les avis de contraventions aient été envoyés, sauf en imaginant une
infraction supplémentaire, une adresse sur la carte grise qui n’était pas la
bonne, alors que celle du fichier des permis serait exacte. La situation
habituelle est inverse, l’adresse de la carte grise est exacte sauf en cas
d’infraction volontaire visant à éviter de recevoir les avis d’infraction
(non mutation d’un certificat d’immatriculation lors d’un déménagement) et
c’est l’adresse du fichier des permis qui ne l’est pas car il n’y aucune
obligation de la changer en France lors d’un déménagement.
Exemple 2
« Il faut prévenir Sarkozy, même sous son autorité il y a des tricheurs.
Comme ce préfet, en poste dans un département de l’ouest qui a perdu lui
aussi tous ses points et a entamé une procédure devant les tribunaux
administratifs pour les récupérer ; ou bien ce préfet du nord de la
France qui n’hésite pas à assumer les fautes de ses amis et à leur donner
quelques uns des points de son propre permis dont il n’a pas l’usage » (FSP
p.128)
Les procédures devant les tribunaux administratifs et les décisions rendues
étant publiques, pourquoi ne pas donner le nom de ce préfet, puisque de
nombreuses affaires de ce chapitre indiquent les noms des « victimes ».
Quand au préfet « du nord de la France » qui distribuait ses points et le
laissait savoir, il était vraiment confiant dans la mansuétude de ses
supérieurs hiérarchiques qui assurent la gestion du permis à points.
Les ficelles semblent grosses, rien ne permet de dire : cela est faux, mais
l’absence de précision et les invraisemblances caractérisent les rumeurs
propagées dans un milieu qui ne supporte pas d’avoir à respecter des règles.