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Le choix d’assurer un respect strict des règles, notamment des
limitations de vitesse, a joué un rôle déterminant dans le succès de la
politique mise en œuvre en 2002. L’importance de la prise en compte des
infractions les moins graves est constamment niée par Airy Routier.
« Pour attraper quelques requins, on lance des filets aux mailles
millimétrées qui retiennent jusqu’au plus petites des sardines » (FSP
p.8).
« Tel qu’il a fonctionné jusqu’en 2002, le permis à points a,
globalement, rempli sa fonction. Les mailles du filet permettaient
d’attraper les gros poissons tout en laissant passer les petits » (FSP
p.58)
« Les Français découvrent peu à peu qu’ils sont surveillés, épiés et
sanctionnés pour des infractions mineures qui ne mettent en danger la vie de
personne » (FSP p.235)
Pour marquer la différence entre cette forme de négation du risque faible et ce qu’il entend par les infractions dangereuses, Airy Routier est capable d’annoncer au début de son livre, qu’il ne sera pas question de : “ défendre ou d’excuser le non-respect des règles élémentaires de sécurité, ainsi que les comportements dangereux ou irresponsables. Des exemples ? La conduite en état d’imprégnation alcoolique réelle ou sous l’emprise de diverses drogues, le mépris des règles élémentaires de sécurité, la très grande vitesse lorsque la voie utilisée ou le trafic ne le permettent pas, etc. Bref : celui qui conduit à 100 km/h en ville et 190 km/h sur une route ou une autoroute chargée, avec quelques verres dans le nez, est bel et bien un criminel en puissance et mérite de ce fait, d’être mis hors d’état de nuire ”. (FSP p.7)
Parallèlement à cette négation de l’importance du risque lié aux faibles
excès d’un grand nombre d’usagers qualifiés « d’honnêtes citoyens
devenus des délinquants » (FSP p.11), Airy Routier nous avertit
d’emblée qu’il « ne sera pas question, dans ce livre, de remettre en
cause le principe de l’effort national visant à limiter le nombre de morts
et de blessés sur les routes françaises, un des trois objectifs prioritaires
qu’avait fixé Jacques Chirac après sa réélection en 2002. Le seul,
d’ailleurs, qui ait été atteint » (FSP p.7).
Il quantifie ce succès : « En 2006, pour la première fois depuis la nuit
des temps automobiles, le nombre des tués est passé au dessous de la barre
des 5000 pour tomber à 4700, plaçant la France parmi les meilleurs élèves de
l’Europe si l’on tient compte de sa population, de son trafic et de la
densité de son réseau routier ». (FSP p.9)
Airy Routier signale par ailleurs dans son livre : « l’inefficacité du
gouvernement Jospin dans ce domaine : de mai 1997 à mai 2002, le nombre de
tués n’a baissé que de 2.2% : de 8008 à 7828 ». (FSP p.41.).
Rappelons que ce gouvernement avait axé sa politique sur la
dissuasion des grands excès de vitesse, avec la création d’un délit
spécifique de récidive d’excès de vitesse de plus de 50 km/h par la loi du
18 juin 1999.
Le rapprochement de ces différentes phrases établit l’incohérence globale
des commentaires d’Airy Routier sur cette notion fondamentale de l’obtention
de résultats par la politique de 2002 dont il reconnaît le succès tout en
déniant le bien fondé d’une action sur l’ensemble des excès de vitesse, y
compris les plus faibles, qui a été le facteur principal de la réussite de
cette politique.
Commentaires
Ces quelques phrases extraites du livre d’Airy Routier mettent en évidence
sa capacité d’associer une reconnaissance de faits qu’il est impossible de
dénier à l’affirmation de notions incompatibles avec ces faits :
Nous décrivons par ailleurs les autres notions incompatibles avec cette position, notamment la brutalité de la chute de la mortalité en décembre 2002, contemporaine de la redéfinition des modalités d’application des règles (interdiction des indulgences, aggravation des sanctions, annonce de l’automatisation du contrôle de la vitesse).