comparaisons abusives entre des formes de mortalité

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Tenter de dévier l’attention vers d’autres problèmes est une manœuvre très utilisée par ceux qui veulent éviter que l’on porte un intérêt qui les contrarie à une situation particulière. Le passage suivant du livre d’Airy Routier utilise ce procédé :
« Autre paradoxe, jamais souligné par les partisans du tout répressif : les 5000 morts par an qui demeurent sur les routes sont présentés et ressentis comme un véritable scandale, alors que les accidents domestiques tuent quatre fois plus dans l’indifférence générale. Ils sont à l’origine de plus de 20 000 décès par an » (FSP p.44).
« A-t-on, pour autant, créé un office, un haut comité, un conseil et un comité interministériel aux accidents domestiques ? » (FSP p.44).

Il y a une affirmation abusive et une erreur factuelle dans ces propos.
La première est l’exploitation d’un amalgame statistique permettant d’imaginer des milliers de morts accidentelles à domicile comparables dans leur mécanisme et leur nature à celles provoquées par les accidents de la route. La réalité de ces accidents est très différente, il s’agit avant toute autre cause de chutes à domicile de personnes âgées qui vont par exemple se fracturer le col du fémur, développer des complications infectieuses, notamment respiratoires et décéder de ces complications.

Ce problème a été analysé par Claude Got dans le chapitre sur les accidents du traité de santé publique publié par les éditions Sciences Flammarion (1ère édition en 2004, seconde édition en 2007). Le graphique ci-dessous est extrait de ce traité.

âges des accidents mortels

Il fait apparaître la différence des classes d’âge concernées par ces deux catégories d’accidents. La perte des capacités physiques rendant dangereuse la descente d’un escalier ou la sortie d’une douche n’est pas comparable à la perte de la vie dans une collision que l’on peut éviter en imposant le respect de règles de bon sens, notamment en limitant la vitesse de circulation, sans compromettre pour autant la liberté de se déplacer. Des mesures de prévention des chutes à domicile se développent, mais il est difficile d’imposer des contraintes réglementaires dans ce contexte.

Le domaine des accidents domestiques autres que les chutes est concerné par l’action d’Etat qui produit des mesures réglementaires visant à assurer la prévention. Il est faux d’affirmer qu’ils tuent dans l’indifférence générale et qu’aucune structure spécifique de l’Etat ne les prend en compte. La Commission de sécurité des consommateurs est une Autorité Administrative Indépendante créée par la loi du 21 juillet 1983 relative à la sécurité des consommateurs. Elle est composée de magistrats des hautes juridictions, de représentants des collèges professionnels et consommateurs, de personnalités qualifiées. Sa mission est la suivante :

Parallèlement la DGCCRF et les organismes de prévention tels que l’INPES exercent des actions importantes qui ont contribué à réduire dans des proportions importantes les accidents domestiques « hors chutes de personnes âgées ». De multiples législations et réglementations été créées pour prévenir la noyade (loi sur les aménagements des piscines), les incendies, les défenestrations d’enfants ou les intoxications involontaires.

Ces contraintes ont provoqué des réactions parfois violentes accusant l’Etat d’en faire trop. L’exemple le plus argumenté est le livre d’Alain-Gérard Slama : L’angélisme exterminateur – essai sur l’ordre moral contemporain. Grasset éditeur 1993. L’auteur critiquait notamment deux actions décrites par Claude Got dans un de ses livres sur la prévention des risques. Mal conçues, les portes de garage basculantes électrifiées pouvaient coincer et blesser gravement les enfants qui s’asseyaient dessus par jeu, une norme a prévenu ce risque. Quand aux prises de courant placées près du sol qui ont toujours passionné les nourrissons explorant le sol à quatre pattes, il était facile de leur conférer une sécurité structurelle en protégeant les contacts. Ces contraintes réglementaires avaient provoqué les commentaires suivants :
 
Commentaires
Il est inexact  de prétendre :

Il est inapproprié de comparer la cause la plus fréquente de mort accidentelle à domicile qui est la chute d’une personne âgée à l’accident de la circulation. Assurer la sécurité des citoyens dans l’espace public est un devoir de l’Etat. Organiser la sécurité dans l’espace privé est possible quand des objets ou des équipements potentiellement dangereux sont en cause et l’Etat intervient très largement sur ce type de risque.