sécurité routière et économie du secteur automobile

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Recherchant un effet d’accumulation de toutes les raisons imaginables qui peuvent contribuer à soutenir son combat contre les contraintes exigées par la politique de sécurité routière, Airy Routier accepte l’usage des arguments les plus absurdes. Celui qui est décrit ici est d’autant plus probant que l’auteur a été longtemps journaliste au journal les Echos. Il connaît bien l’économie de l’industrie automobile et les raisonnements économiques en général.

« Tout porte donc à croire que la peur du gendarme, le sentiment de traque et d’injustice ont leur part dans leur désamour vis-à-vis de la voiture. Alors que le marché français dépassait les 2,2 millions de voitures de 1999 à 2002, il est retombé autour de 2 millions depuis 2003, date du lancement des premiers radars automatiques. Il n’a jamais retrouvé son niveau de… 1990 ! Et il a encore chuté en 2006. Avec les suppressions d’emplois chez les équipementiers et le chômage technique chez les constructeurs que cela implique. C’est l’affaissement du secteur automobile français qui explique en grande partie le déficit croissant de la balance commerciale française. Il faut savoir ce que l’on veut. » (FSP p.113)

Oser rattacher le déficit croissant de la balance commerciale de la France à une diminution des ventes sur le marché intérieur attribuée aux contraintes exercées sur les automobilistes par la politique de sécurité routière initiée en 2002 est un contre sens évident.

Un déficit de la balance commerciale d’un pays est provoqué par le déséquilibre entre les exportations et les importations. Si l’on veut attribuer le déficit croissant de la balance commerciale française au marché de l’automobile, il faut envisager une diminution des exportations de nos constructeurs sur les marchés étrangers, associée éventuellement à un accroissement de nos importations de voitures produites à l’étranger. Ces deux types d’évolution n’ont pas de relation avec les contraintes exercées en France pour améliorer la sécurité.
Le bilan de nos exportations et de nos importations de voitures est connu. Les constructeurs automobiles décrivent et analysent les évolutions avec précision. (www.ccfa.fr ). Le marché automobile français est proche de la saturation compte tenu de l’évolution des ressources des ménages, de leur équipement, de leurs besoins et de la fiabilité croissante des produits commercialisés. En 2006, le parc automobile s’est accru de 1%. Le bilan global de la production des constructeurs français et le bilan commercial de nos échanges sur le marché de l’automobile (Dsoldecommerceextérieurautomobile.pdf  Dbilanvaleurcommercevoitures.pdf et Dproductionmondialeconstructeursfrançais.pdf), mettent en évidence la bonne tenue des constructeurs nationaux au niveau mondial. La dégradation de notre bilan commercial est lié à l’accroissement du déficit de nos échanges sur le marché allemand  au cours des dernières années et au développement des importations de petits véhicules de marques françaises produits en dehors de la France. Ces phénomènes ont été la conséquence directe d’une politique industrielle visant à produire à faible coût les petits véhicules dans des pays nouvellement rattachés à l’UE où les salaires sont bas. La France espérait conserver sur son territoire une production de haut de gamme, de véhicules inutilement lourds, puissants et  rapide, plus rémunératrice. Le drame pour ce créneau est que l’envolée des prix de pétrole dans un premier temps, la crise économique mondiale dans un second temps, ont été destructrices pour ce segment du marché, ces motifs immédiats s’ajoutant à la préoccupation mondiale de réduire les émissions de dioxyde de carbone.

Le risque des choix industriels qui ont été faits était dénoncé depuis des années par ceux qui réclamaient  (livre blanc de la sécurité routière de 1989) une limitation de la vitesse à la construction pour entamer une désescalade de la course au poids et à la puissance inutile qui était condamnée à long terme. Les journalistes « engagés » par passion dans la défense de ces véhicules inadaptés au monde dans lequel nous vivons ont contribué à la pérennisation de ces erreurs.

Commentaires
Utiliser la peur des suppressions d’emploi et du chômage technique, en imaginant un déficit de la balance commercial provoqué par un désamour de l’automobile induit par la politique de sécurité routière est une manipulation des faits. Elle témoigne d’un mépris total pour le lecteur. Airy Routier est un spécialiste de ces problèmes, il sait :

Il ne veut pas reconnaître que les modèles de véhicules dont il a chanté les louanges pendant toute sa carrière d’essayeur de voitures étaient condamnés à terme et que le refus de le reconnaître est pour partie responsable de la situation actuelle. Nous reviendrons sur ce problème à propos des commentaires d’Airy Routier sur les actions en faveur de la limitation de vitesse par construction.