automatismes et liberté

Accueil | Table des matières | Remonter

La notion de "contrôle social" est un nouvel épouvantail fréquemment agité quand un nouveau dispositif destiné à faire respecter les règles est mis en oeuvre. Le contrôle social par des dispositifs automatiques serait une atteinte aux libertés, une porte ouverte à des abus qui nous conduiront à une soumission permanente à des dispositifs de surveillance étendus à l'infini grâce à l'informatique.

Faire respecter des règles ne peut constituer en soi une atteinte aux libertés, mais face aux formulations curieuses de certaines critiques il faut peut être rappeler quelques évidences concernant la vie en société et le respect des règles. Les textes les plus fondamentaux de notre constitution : la déclaration des droits de l'homme et du citoyen et la déclaration universelle des droits de l'homme précisent que :

La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Ainsi l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminés que par la loi.
(article 4 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen)

Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.
(article 3 de la déclaration universelle des droits de l’homme)

Les lois et les règlements adoptés par les organismes compétents dans une société démocratique s'imposent à l'ensemble des individus composant cette société. Nul ne peut revendiquer comme une liberté le droit de transgresser les règles destinées à assurer la sécurité de l'ensemble du groupe.

Le problème posé est en réalité celui de l'usage de moyens automatiques pour effectuer les contrôles. La critique de l'usage de moyens automatiques pour effectuer des contrôles se fonde sur une notion de valeur opposant l'humanité de l'acte effectué par un individu habilité à procéder aux contrôles et le caractère mécanique, automatique de l'acte de contrôle délégué à un appareil. L'individu serait capable d'intégrer à sa pratique un ensemble de données inaccessibles à l'automate qui produirait de ce fait un travail de faible qualité. Dans cette conception l'automatisme n'est pas un produit de l'intelligence humaine, un outil destiné à l'aider dans son travail, il est identifié à un robot qui vivrait sa vie sans contrôle possible. La transition est alors facile vers la dénonciation d'une dérive nous menant tout droit à un monde artificiel dominé par un "big brother".

Ce type d'argument est plus fréquemment développé dans les pays latins que dans les pays anglo-saxons ou scandinaves, et l'on peut le rapprocher de la notion de clientélisme dans son sens le plus large, commençant avec l'impunité totale ou relative de ceux qui disposent de moyens d'influence ou de négociation dans un tel système. Le radar qui constate un excès de vitesse, transmet la photo à un centre de traitement unique, dirigé et surveillé par des policiers et des magistrats imperméables aux influences locales peut gêner ceux qui avaient la possibilité d'échapper aux règles quand elles étaient gérés par des hommes se situant dans leur rayon d'influence. L'équité est mieux assuré par des machines qui constatent et transmettent les infractions à un nombre limité d'hommes protégés de toutes les influences que dans le système de constat traditionnel des infractions au code de la route.

La diabolisation de l'automatisme est un argument à géométrie variable et il est intéressant d'identifier les cas où l'automatisme est accepté alors que les enjeux sont le plus souvent de nature économique, c'est à dire à un niveau de valeur que l'on peut considérer comme inférieur au respect de la vie humaine.