Le point au début du mois de mars 2020

L'amendement du 6 juin 2019 détruit le pouvoir régalien de l'Etat, et va créer une inégalité de sécurité sur les routes. L'Etat a toujours fixé avec précision les vitesses maximales autorisées, les responsables locaux pouvaient fixer des limites inférieures à la valeur maximale, les rares exceptions permettant de les dépasser étant définies par des conditions très strictes.

La nouvelle loi indique que la décision est prise par le président du département et que : "cette décision prend la forme d'un arrêté motivé, pris après avis de la commission départementale de la sécurité routière sur la base d’une étude d’accidentalité portant sur chacune des sections de route concernées ». Un accroissement de la vitesse augmente l’accidentalité et cette notion est valable pour toutes les voies. Inversement, l'abaissement de la vitesse la réduit.

L'amendement de juin 2019 n'interdit rien. L'avis défavorable de cette commission ne sera pas un obstacle au retour à 90 km/h. Le premier passage à l'acte est exemplaire : La Haute-Marne a un niveau de mortalité sur les routes en fonction de la population très élevé. Il n'y a que 8 départements qui ont un niveau plus élevé que la Haute Marne.

La présentation de sa décision par le Président de la Haute Marne exprime l'ignorance de la notion de risque accidentel. Elle et facilitée par l'absence de bon sens des décideurs politiques qui ont produit un texte législatif absurde permettant de prendre une décision "sur la base d'une étude d'accidentalité" sans définir des critères contraignants. Une loi qui permet n'importe quoi détruit la démocratie et ridiculise ceux qui l'on produite.

Le raisonnement est simple. Une voie a un niveau d'accidentalité qui peut se mesurer avec précision.Des cartes ont été produites et sont accessibles à tous les décideurs.

L'accidentalité au niveau d'une voie à deux aspects :

Le risque au kilomètre parcouru sur une autoroute est 4 fois plus faible que sur une route ne séparant pas les sens de circulation, mais cela n'empêche pas la réduction de la vitesse sur une autoroute de réduire l'accidentalité. La réforme de 2002 a obtenu un meilleur respect des limitations de la vitesse et la mortalité sur les autoroutes a été divisée par deux,passant de 527 à 273, comme sur les voies moins sures.

Exiger une étude d'accidentalité pour justifier un retour à une limite de vitesse plus élevée est une procédure absurde. Elle fonde la décision sur une impossibilité. Le retour à 90 sera un retour à une accidentalité plus élevée que celle obtenue avec le 80. Cette certitude sera constatée quand nous pourrons faire la somme des accidents mortels sur l'ensemble des voies remises à 90.

La seule mesure capable de réduire la mortalité sur les voies ne séparant pas les sens de circulation est de créer une séparation, y compris sur les routes à trois voies qui ont été maintenues à 90.

Remonter à 90 la vitesse maximale sur les voies ne séparant pas le sens de circulation exprime :

Les données sont sans ambiguïté : au cours des deux dernières années 400 personnes ont eu la vie sauve, alors que de 700 l'avaient perdue pendant la période 2014/2017 : 3260 tués dans les 12 mois s'achevant en janvier 2014, puis 3411, 3442, 3445, le niveau le plus élevé a été observé en juin 2017 (3529 tués les 12 mois précédents). Il a été suivi d'une décroissance jusqu'à un niveau comparable au minimum de janvier 2014.

Il va falloir, jour après jour, traiter les propos de tous les décideurs qui vont pratiquer le retour à plus de morts.

Haute Marne : le département qui a un des taux de mortalité rapporté à la population parmi les plus élevés. Il n'y a que 8 départements qui ont dépassé ce triste de record. Le Président a fait le choix de privilégier le risque.